Habacuc
INDEX
[1 | 2 | 3 ]
- Oracle révélé à Habacuc, le
prophète.
- Jusqu'à quand, ô Éternel?...
J'ai crié, Et tu n'écoutes pas! J'ai crié vers
toi à la violence, Et tu ne secours pas!
- Pourquoi me fais-tu voir
l'iniquité, Et contemples-tu l'injustice? Pourquoi
l'oppression et la violence sont-elles devant moi? Il y a des querelles, et
la discorde s'élève.
- Aussi la loi n'a point de
vie, La justice n'a point de force; Car le méchant triomphe du juste,
Et l'on rend des jugements iniques.
- Jetez les yeux parmi les
nations, regardez, Et soyez saisis d'étonnement,
d'épouvante! Car je vais faire en vos jours une oeuvre, Que vous ne
croiriez pas si on la racontait.
- Voici, je vais susciter les
Chaldéens, Peuple furibond et impétueux, Qui traverse de vastes
étendues de pays, Pour s'emparer de demeures qui ne sont pas à
lui.
- Il est terrible et formidable; De lui seul viennent son droit et sa
grandeur.
- Ses chevaux sont plus rapides que les léopards, Plus
agiles que les loups du soir, Et ses cavaliers s'avancent avec orgueil; Ses
cavaliers arrivent de loin, Ils volent comme l'aigle qui fond sur sa
proie.
- Tout ce peuple vient pour se livrer au pillage; Ses regards
avides se portent en avant, Et il assemble des prisonniers comme du
sable.
- Il se moque des rois, Et les princes font l'objet de ses
railleries; Il se rit de toutes les forteresses, Il amoncelle de la terre, et il
les prend.
- Alors son ardeur redouble, Il poursuit sa marche, et il se
rend coupable. Sa force à lui, voilà son dieu!
- N'es-tu
pas de toute éternité, Éternel, mon Dieu, mon Saint? Nous
ne mourrons pas! O Éternel, tu as établi ce peuple pour exercer
tes jugements; O mon rocher, tu l'as suscité pour infliger tes
châtiments.
- Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, Et tu ne
peux pas regarder l'iniquité. Pourquoi regarderais-tu les perfides,
et te tairais-tu, Quand le méchant dévore celui qui est plus juste
que lui?
- Traiterais-tu l'homme comme les poissons de la mer, Comme
le reptile qui n'a point de maître?
- Il les fait tous monter
avec l'hameçon, Il les attire dans son filet, Il les assemble dans
ses rets: Aussi est-il dans la joie et dans
l'allégresse.
- C'est pourquoi il sacrifie à son
filet, Il offre de l'encens à ses rets; Car par eux sa portion est
grasse, Et sa nourriture succulente.
- Videra-t-il pour cela son filet, Et
toujours égorgera-t-il sans pitié les nations?
- J'étais à mon poste, Et je
me tenais sur la tour; Je veillais, pour voir ce que l'Éternel me
dirait, Et ce que je répliquerais après ma
plainte.
- L'Éternel m'adressa la parole, et il dit:
Écris la prophétie: Grave-la sur des tables, Afin qu'on la
lise couramment.
- Car c'est une prophétie dont le temps est
déjà fixé, Elle marche vers son terme, et elle ne mentira
pas; Si elle tarde, attends-la, Car elle s'accomplira, elle s'accomplira
certainement.
- Voici, son âme s'est enflée, elle
n'est pas droite en lui; Mais le juste vivra par sa foi.
- Pareil
à celui qui est ivre et arrogant, L'orgueilleux ne demeure pas
tranquille; Il élargit sa bouche comme le séjour des morts, Il est
insatiable comme la mort; Il attire à lui toutes les nations, Il assemble
auprès de lui tous les peuples.
- Ne sera-t-il pas pour tous un
sujet de sarcasme, De railleries et d'énigmes? On dira: Malheur
à celui qui accumule ce qui n'est pas à lui! Jusques à
quand?... Malheur à celui qui augmente le fardeau de ses
dettes!
- Tes créanciers ne se lèveront-ils pas soudain? Tes
oppresseurs ne se réveilleront-ils pas? Et tu deviendras leur
proie.
- Parce que tu as pillé beaucoup de nations, Tout le reste
des peuples te pillera; Car tu as répandu le sang des hommes, Tu as
commis des violences dans le pays, Contre la ville et tous ses
habitants.
- Malheur à celui qui amasse pour sa maison des gains
iniques, Afin de placer son nid dans un lieu élevé, Pour se
garantir de la main du malheur!
- C'est l'opprobre de ta maison
que tu as résolu, En détruisant des peuples nombreux, Et c'est
contre toi-même que tu as péché.
- Car la pierre crie
du milieu de la muraille, Et le bois qui lie la charpente lui
répond.
- Malheur à celui qui bâtit une ville avec le
sang, Qui fonde une ville avec l'iniquité!
- Voici, quand
l'Éternel des armées l'a résolu, Les peuples
travaillent pour le feu, Les nations se fatiguent en vain.
- Car la terre
sera remplie de la connaissance de la gloire de l'Éternel, Comme le
fond de la mer par les eaux qui le couvrent.
- Malheur à celui qui
fait boire son prochain, A toi qui verses ton outre et qui l'enivres, Afin
de voir sa nudité!
- Tu seras rassasié de honte plus que de
gloire; Bois aussi toi-même, et découvre-toi! La coupe de la droite
de l'Éternel se tournera vers toi, Et l'ignominie souillera ta
gloire.
- Car les violences contre le Liban retomberont sur toi, Et les
ravages des bêtes t'effraieront, Parce que tu as répandu le
sang des hommes, Et commis des violences dans le pays, Contre la ville et tous
ses habitants.
- A quoi sert une image taillée, pour qu'un
ouvrier la taille? A quoi sert une image en fonte et qui enseigne le mensonge,
Pour que l'ouvrier qui l'a faite place en elle sa confiance, Tandis
qu'il fabrique des idoles muettes?
- Malheur à celui qui dit au
bois: Lève-toi! A une pierre muette: Réveille-toi! Donnera-t-elle
instruction? Voici, elle est garnie d'or et d'argent, Mais il n'y a
point en elle un esprit qui l'anime.
- L'Éternel est dans
son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui!
- Prière d'Habacuc, le
prophète. (Sur le mode des complaintes.)
- Éternel, j'ai
entendu ce que tu as annoncé, je suis saisi de crainte. Accomplis ton
oeuvre dans le cours des années, ô Éternel! Dans le cours
des années manifeste-la! Mais dans ta colère souviens-toi de tes
compassions!
- Dieu vient de Théman, Le Saint vient de la montagne
de Paran... Pause. Sa majesté couvre les cieux, Et sa gloire remplit la
terre.
- C'est comme l'éclat de la lumière; Des
rayons partent de sa main; Là réside sa force.
- Devant lui
marche la peste, Et la peste est sur ses traces.
- Il s'arrête,
et de l'oeil il mesure la terre; Il regarde, et il fait trembler les
nations; Les montagnes éternelles se brisent, Les collines antiques
s'abaissent; Les sentiers d'autrefois s'ouvrent devant
lui.
- Je vois dans la détresse les tentes de
l'Éthiopie, Et les tentes du pays de Madian sont dans
l'épouvante.
- L'Éternel est-il irrité contre
les fleuves? Est-ce contre les fleuves que s'enflamme ta colère,
Contre la mer que se répand ta fureur, Pour que tu sois monté sur
tes chevaux, Sur ton char de victoire?
- Ton arc est mis à nu; Les
malédictions sont les traits de ta parole... Pause. Tu fends la terre
pour donner cours aux fleuves.
- A ton aspect, les montagnes tremblent;
Des torrents d'eau se précipitent; L'abîme fait entendre sa
voix, Il lève ses mains en haut.
- Le soleil et la lune
s'arrêtent dans leur demeure, A la lumière de tes
flèches qui partent, A la clarté de ta lance qui
brille.
- Tu parcours la terre dans ta fureur, Tu écrases les
nations dans ta colère.
- Tu sors pour délivrer ton peuple,
Pour délivrer ton oint; Tu brises le faîte de la maison du
méchant, Tu la détruis de fond en comble. Pause.
- Tu perces
de tes traits la tête de ses chefs, Qui se précipitent comme la
tempête pour me disperser, Poussant des cris de joie, Comme s'ils
dévoraient déjà le malheureux dans leur
repaire.
- Avec tes chevaux tu foules la mer, La boue des grandes
eaux.
- J'ai entendu... Et mes entrailles sont émues. A cette
voix, mes lèvres frémissent, Mes os se consument, Et mes genoux
chancellent: En silence je dois attendre le jour de la détresse, Le jour
où l'oppresseur marchera contre le peuple.
- Car le figuier ne
fleurira pas, La vigne ne produira rien, Le fruit de l'olivier manquera, Les
champs ne donneront pas de nourriture; Les brebis disparaîtront du
pâturage, Et il n'y aura plus de boeufs dans les
étables.
- Toutefois, je veux me réjouir en
l'Éternel, Je veux me réjouir dans le Dieu de mon
salut.
- L'Éternel, le Seigneur, est ma force; Il rend mes
pieds semblables à ceux des biches, Et il me fait marcher sur mes lieux
élevés. Au chefs des chantres. Avec instruments à cordes.