Marc
INDEX
[ 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 |
7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 |
16 ]
- Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils
de Dieu.
- Selon ce qui est écrit dans Ésaïe, le
prophète: Voici, j'envoie devant toi mon messager, Qui
préparera ton chemin;
- C'est la voix de celui qui crie dans le
désert: Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses
sentiers.
- Jean parut, baptisant dans le désert, et prêchant
le baptême de repentance, pour la rémission des
péchés.
- Tout le pays de Judée et tous les habitants
de Jérusalem se rendaient auprès de lui; et, confessant leurs
péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du
Jourdain.
- Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une
ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel
sauvage.
- Il prêchait, disant: Il vient après moi celui qui
est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier, en me
baissant, la courroie de ses souliers.
- Moi, je vous ai baptisés
d'eau; lui, il vous baptisera du Saint Esprit.
- En ce
temps-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut
baptisé par Jean dans le Jourdain.
- Au moment où il sortait
de l'eau, il vit les cieux s'ouvrir, et l'Esprit descendre sur lui
comme une colombe.
- Et une voix fit entendre des cieux ces paroles: Tu es
mon Fils bien-aimé, en toi j'ai mis toute mon
affection.
- Aussitôt, l'Esprit poussa Jésus dans le
désert,
- où il passa quarante jours, tenté par
Satan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le
servaient.
- Après que Jean eut été livré,
Jésus alla dans la Galilée, prêchant l'Évangile
de Dieu.
- Il disait: Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est
proche. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle.
- Comme il
passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André,
frère de Simon, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient
pêcheurs.
- Jésus leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai
pêcheurs d'hommes.
- Aussitôt, ils laissèrent leurs
filets, et le suivirent.
- Étant allé un peu plus loin, il
vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère,
qui, eux aussi, étaient dans une barque et réparaient les
filets.
- Aussitôt, il les appela; et, laissant leur père
Zébédée dans la barque avec les ouvriers, ils le
suivirent.
- Ils se rendirent à Capernaüm. Et, le jour du
sabbat, Jésus entra d'abord dans la synagogue, et il
enseigna.
- Ils étaient frappés de sa doctrine; car il
enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes.
- Il
se trouva dans leur synagogue un homme qui avait un esprit impur, et qui
s'écria:
- Qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus de
Nazareth? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es: le Saint de
Dieu.
- Jésus le menaça, disant: Tais-toi, et sors de cet
homme.
- Et l'esprit impur sortit de cet homme, en l'agitant avec
violence, et en poussant un grand cri.
- Tous furent saisis de
stupéfaction, de sorte qu'il se demandaient les uns aux autres:
Qu'est-ce que ceci? Une nouvelle doctrine! Il commande avec autorité
même aux esprits impurs, et ils lui obéissent!
- Et sa
renommée se répandit aussitôt dans tous les lieux
environnants de la Galilée.
- En sortant de la synagogue, ils se
rendirent avec Jacques et Jean à la maison de Simon et
d'André.
- La belle-mère de Simon était
couchée, ayant la fièvre; et aussitôt on parla d'elle
à Jésus.
- S'étant approché, il la fit
lever en lui prenant la main, et à l'instant la fièvre la
quitta. Puis elle les servit.
- Le soir, après le coucher du
soleil, on lui amena tous les malades et les démoniaques.
- Et
toute la ville était rassemblée devant sa porte.
- Il
guérit beaucoup de gens qui avaient diverses maladies; il chassa aussi
beaucoup de démons, et il ne permettait pas aux démons de parler,
parce qu'ils le connaissaient.
- Vers le matin, pendant qu'il
faisait encore très sombre, il se leva, et sortit pour aller dans un lieu
désert, où il pria.
- Simon et ceux qui étaient avec
lui se mirent à sa recherche;
- et, quand ils l'eurent
trouvé, ils lui dirent: Tous te cherchent.
- Il leur
répondit: Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, afin que j'y
prêche aussi; car c'est pour cela que je suis sorti.
- Et il
alla prêcher dans les synagogues, par toute la Galilée, et il
chassa les démons.
- Un lépreux vint à lui; et, se
jetant à genoux, il lui dit d'un ton suppliant: Si tu le veux, tu
peux me rendre pur.
- Jésus, ému de compassion,
étendit la main, le toucha, et dit: Je le veux, sois
pur.
- Aussitôt la lèpre le quitta, et il fut
purifié.
- Jésus le renvoya sur-le-champ, avec de
sévères recommandations,
- et lui dit: Garde-toi de rien
dire à personne; mais va te montrer au sacrificateur, et offre pour ta
purification ce que Moïse a prescrit, afin que cela leur serve de
témoignage.
- Mais cet homme, s'en étant allé, se
mit à publier hautement la chose et à la divulguer, de sorte que
Jésus ne pouvait plus entrer publiquement dans une ville. Il se tenait
dehors, dans des lieux déserts, et l'on venait à lui de toutes
parts.
- Quelques jours
après, Jésus revint à Capernaüm. On apprit qu'il
était à la maison,
- et il s'assembla un si grand nombre
de personnes que l'espace devant la porte ne pouvait plus les contenir. Il
leur annonçait la parole.
- Des gens vinrent à lui, amenant
un paralytique porté par quatre hommes.
- Comme ils ne pouvaient
l'aborder, à cause de la foule, ils découvrirent le toit de la
maison où il était, et ils descendirent par cette ouverture le lit
sur lequel le paralytique était couché.
- Jésus,
voyant leur foi, dit au paralytique: Mon enfant, tes péchés sont
pardonnés.
- Il y avait là quelques scribes, qui
étaient assis, et qui se disaient au dedans d'eux:
- Comment
cet homme parle-t-il ainsi? Il blasphème. Qui peut pardonner les
péchés, si ce n'est Dieu seul?
- Jésus, ayant
aussitôt connu par son esprit ce qu'ils pensaient au dedans d'eux,
leur dit: Pourquoi avez-vous de telles pensées dans vos
coeurs?
- Lequel est le plus aisé, de dire au paralytique: Tes
péchés sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, prends
ton lit, et marche?
- Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme
a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés:
- Je te
l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va
dans ta maison.
- Et, à l'instant, il se leva, prit son lit, et
sortit en présence de tout le monde, de sorte qu'ils étaient
tous dans l'étonnement et glorifiaient Dieu, disant: Nous n'avons
jamais rien vu de pareil.
- Jésus sortit de nouveau du
côté de la mer. Toute la foule venait à lui, et il les
enseignait.
- En passant, il vit Lévi, fils d'Alphée,
assis au bureau des péages. Il lui dit: Suis-moi. Lévi se leva, et
le suivit.
- Comme Jésus était à table dans la maison
de Lévi, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie se mirent
aussi à table avec lui et avec ses disciples; car ils étaient
nombreux, et l'avaient suivi.
- Les scribes et les pharisiens, le
voyant manger avec les publicains et les gens de mauvaise vie, dirent à
ses disciples: Pourquoi mange-t-il et boit-il avec les publicains et les gens de
mauvaise vie?
- Ce que Jésus ayant entendu, il leur dit: Ce ne sont
pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades.
Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.
- Les
disciples de Jean et les pharisiens jeûnaient. Ils vinrent dire à
Jésus: Pourquoi les disciples de Jean et ceux des pharisiens
jeûnent-ils, tandis que tes disciples ne jeûnent
point?
- Jésus leur répondit: Les amis de l'époux
peuvent-ils jeûner pendant que l'époux est avec eux? Aussi
longtemps qu'ils ont avec eux l'époux, ils ne peuvent
jeûner.
- Les jours viendront où l'époux leur sera
enlevé, et alors ils jeûneront en ce
jour-là.
- Personne ne coud une pièce de drap neuf à
un vieil habit; autrement, la pièce de drap neuf emporterait une partie
du vieux, et la déchirure serait pire.
- Et personne ne met du vin
nouveau dans de vieilles outres; autrement, le vin fait rompre les outres, et le
vin et les outres sont perdus; mais il faut mettre le vin nouveau dans des
outres neuves.
- Il arriva, un jour de sabbat, que Jésus traversa
des champs de blé. Ses disciples, chemin faisant, se mirent à
arracher des épis.
- Les pharisiens lui dirent: Voici, pourquoi
font-ils ce qui n'est pas permis pendant le sabbat?
- Jésus
leur répondit: N'avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu'il
fut dans la nécessité et qu'il eut faim, lui et ceux qui
étaient avec lui;
- comment il entra dans la maison de Dieu, du
temps du souverain sacrificateur Abiathar, et mangea les pains de proposition,
qu'il n'est permis qu'aux sacrificateurs de manger, et en donna
même à ceux qui étaient avec lui!
- Puis il leur dit:
Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le
sabbat,
- de sorte que le Fils de l'homme est maître même
du sabbat.
- Jésus entra de
nouveau dans la synagogue. Il s'y trouvait un homme qui avait la main
sèche.
- Ils observaient Jésus, pour voir s'il le
guérirait le jour du sabbat: c'était afin de pouvoir
l'accuser.
- Et Jésus dit à l'homme qui avait la
main sèche: Lève-toi, là au milieu.
- Puis il leur
dit: Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de
sauver une personne ou de la tuer? Mais ils gardèrent le
silence.
- Alors, promenant ses regards sur eux avec indignation, et en
même temps affligé de l'endurcissement de leur coeur, il dit
à l'homme: Étends ta main. Il l'étendit, et sa main
fut guérie.
- Les pharisiens sortirent, et aussitôt ils se
consultèrent avec les hérodiens sur les moyens de le faire
périr.
- Jésus se retira vers la mer avec ses disciples. Une
grande multitude le suivit de la Galilée;
- et de la Judée,
et de Jérusalem, et de l'Idumée, et d'au delà du
Jourdain, et des environs de Tyr et de Sidon, une grande multitude, apprenant
tout ce qu'il faisait, vint à lui.
- Il chargea ses disciples
de tenir toujours à sa disposition une petite barque, afin de ne pas
être pressé par la foule.
- Car, comme il guérissait
beaucoup de gens, tous ceux qui avaient des maladies se jetaient sur lui pour le
toucher.
- Les esprits impurs, quand ils le voyaient, se prosternaient
devant lui, et s'écriaient: Tu es le Fils de Dieu.
- Mais il
leur recommandait très sévèrement de ne pas le faire
connaître.
- Il monta ensuite sur la montagne; il appela ceux
qu'il voulut, et ils vinrent auprès de lui.
- Il en
établit douze, pour les avoir avec lui,
- et pour les envoyer
prêcher avec le pouvoir de chasser les démons.
- Voici les
douze qu'il établit: Simon, qu'il nomma Pierre;
- Jacques,
fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels
il donna le nom de Boanergès, qui signifie fils du
tonnerre;
- André; Philippe; Barthélemy; Matthieu; Thomas;
Jacques, fils d'Alphée; Thaddée; Simon le Cananite;
- et
Judas Iscariot, celui qui livra Jésus.
- Ils se rendirent à
la maison, et la foule s'assembla de nouveau, en sorte qu'ils ne
pouvaient pas même prendre leur repas.
- Les parents de
Jésus, ayant appris ce qui se passait, vinrent pour se saisir de lui; car
ils disaient: Il est hors de sens.
- Et les scribes, qui étaient
descendus de Jérusalem, dirent: Il est possédé de
Béelzébul; c'est par le prince des démons qu'il
chasse les démons.
- Jésus les appela, et leur dit sous
forme de paraboles: Comment Satan peut-il chasser Satan?
- Si un royaume
est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut
subsister;
- et si une maison est divisée contre elle-même,
cette maison ne peut subsister.
- Si donc Satan se révolte contre
lui-même, il est divisé, et il ne peut subsister, mais c'en est
fait de lui.
- Personne ne peut entrer dans la maison d'un homme fort
et piller ses biens, sans avoir auparavant lié cet homme fort; alors il
pillera sa maison.
- Je vous le dis en vérité, tous les
péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les
blasphèmes qu'ils auront proférés;
- mais
quiconque blasphémera contre le Saint Esprit n'obtiendra jamais de
pardon: il est coupable d'un péché
éternel.
- Jésus parla ainsi parce qu'ils disaient: Il
est possédé d'un esprit impur.
- Survinrent sa
mère et ses frères, qui, se tenant dehors, l'envoyèrent
appeler.
- La foule était assise autour de lui, et on lui dit:
Voici, ta mère et tes frères sont dehors et te
demandent.
- Et il répondit: Qui est ma mère, et qui sont
mes frères?
- Puis, jetant les regards sur ceux qui étaient
assis tout autour de lui: Voici, dit-il, ma mère et mes
frères.
- Car, quiconque fait la volonté de Dieu,
celui-là est mon frère, ma soeur, et ma mère.
- Jésus se mit de nouveau à
enseigner au bord de la mer. Une grande foule s'étant
assemblée auprès de lui, il monta et s'assit dans une barque,
sur la mer. Toute la foule était à terre sur le rivage.
- Il
leur enseigna beaucoup de choses en paraboles, et il leur dit dans son
enseignement:
- Écoutez. Un semeur sortit pour semer.
- Comme
il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin: les oiseaux
vinrent, et la mangèrent.
- Une autre partie tomba dans un endroit
pierreux, où elle n'avait pas beaucoup de terre; elle leva
aussitôt, parce qu'elle ne trouva pas un sol profond;
- mais,
quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de
racines.
- Une autre partie tomba parmi les épines: les
épines montèrent, et l'étouffèrent, et elle ne
donna point de fruit.
- Une autre partie tomba dans la bonne terre: elle
donna du fruit qui montait et croissait, et elle rapporta trente, soixante, et
cent pour un.
- Puis il dit: Que celui qui a des oreilles pour entendre
entende.
- Lorsqu'il fut en particulier, ceux qui l'entouraient
avec les douze l'interrogèrent sur les paraboles.
- Il leur
dit: C'est à vous qu'a été donné le
mystère du royaume de Dieu; mais pour ceux qui sont dehors tout se passe
en paraboles,
- afin qu'en voyant ils voient et
n'aperçoivent point, et qu'en entendant ils entendent et ne
comprennent point, de peur qu'ils ne se convertissent, et que les
péchés ne leur soient pardonnés.
- Il leur dit
encore: Vous ne comprenez pas cette parabole? Comment donc comprendrez-vous
toutes les paraboles?
- Le semeur sème la parole.
- Les uns
sont le long du chemin, où la parole est semée; quand ils
l'ont entendue, aussitôt Satan vient et enlève la parole qui a
été semée en eux.
- Les autres, pareillement,
reçoivent la semence dans les endroits pierreux; quand ils entendent la
parole, ils la reçoivent d'abord avec joie;
- mais ils
n'ont pas de racine en eux-mêmes, ils manquent de persistance, et,
dès que survient une tribulation ou une persécution à cause
de la parole, ils y trouvent une occasion de chute.
- D'autres
reçoivent la semence parmi les épines; ce sont ceux qui entendent
la parole,
- mais en qui les soucis du siècle, la séduction
des richesses et l'invasion des autres convoitises, étouffent la
parole, et la rendent infructueuse.
- D'autres reçoivent la
semence dans la bonne terre; ce sont ceux qui entendent la parole, la
reçoivent, et portent du fruit, trente, soixante, et cent pour
un.
- Il leur dit encore: Apporte-t-on la lampe pour la mettre sous le
boisseau, ou sous le lit? N'est-ce pas pour la mettre sur le
chandelier?
- Car il n'est rien de caché qui ne doive
être découvert, rien de secret qui ne doive être mis au
jour.
- Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il
entende.
- Il leur dit encore: Prenez garde à ce que vous entendez.
On vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis, et on y ajoutera
pour vous.
- Car on donnera à celui qui a; mais à celui qui
n'a pas on ôtera même ce qu'il a.
- Il dit encore: Il
en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence en
terre;
- qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence
germe et croît sans qu'il sache comment.
- La terre produit
d'elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le
grain tout formé dans l'épi;
- et, dès que le
fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est
là.
- Il dit encore: A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou
par quelle parabole le représenterons-nous?
- Il est semblable
à un grain de sénevé, qui, lorsqu'on le sème en
terre, est la plus petite de toutes les semences qui sont sur la
terre;
- mais, lorsqu'il a été semé, il monte,
devient plus grand que tous les légumes, et pousse de grandes branches,
en sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son
ombre.
- C'est par beaucoup de paraboles de ce genre qu'il leur
annonçait la parole, selon qu'ils étaient capables de
l'entendre.
- Il ne leur parlait point sans parabole; mais, en
particulier, il expliquait tout à ses disciples.
- Ce même
jour, sur le soir, Jésus leur dit: Passons à l'autre
bord.
- Après avoir renvoyé la foule, ils
l'emmenèrent dans la barque où il se trouvait; il y avait
aussi d'autres barques avec lui.
- Il s'éleva un grand
tourbillon, et les flots se jetaient dans la barque, au point qu'elle se
remplissait déjà.
- Et lui, il dormait à la poupe sur
le coussin. Ils le réveillèrent, et lui dirent: Maître, ne
t'inquiètes-tu pas de ce que nous
périssons?
- S'étant réveillé, il
menaça le vent, et dit à la mer: Silence! tais-toi! Et le vent
cessa, et il y eut un grand calme.
- Puis il leur dit: Pourquoi avez-vous
ainsi peur? Comment n'avez-vous point de foi?
- Ils furent saisis
d'une grande frayeur, et ils se dirent les uns aux autres: Quel est donc
celui-ci, à qui obéissent même le vent et la
mer?
- Ils arrivèrent
à l'autre bord de la mer, dans le pays des
Gadaréniens.
- Aussitôt que Jésus fut hors de la
barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et
possédé d'un esprit impur.
- Cet homme avait sa demeure
dans les sépulcres, et personne ne pouvait plus le lier, même avec
une chaîne.
- Car souvent il avait eu les fers aux pieds et avait
été lié de chaînes, mais il avait rompu les
chaînes et brisé les fers, et personne n'avait la force de le
dompter.
- Il était sans cesse, nuit et jour, dans les
sépulcres et sur les montagnes, criant, et se meurtrissant avec des
pierres.
- Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant
lui,
- et s'écria d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre
moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très Haut? Je t'en conjure au
nom de Dieu, ne me tourmente pas.
- Car Jésus lui disait: Sors de
cet homme, esprit impur!
- Et, il lui demanda: Quel est ton nom?
Légion est mon nom, lui répondit-il, car nous sommes
plusieurs.
- Et il le priait instamment de ne pas les envoyer hors du
pays.
- Il y avait là, vers la montagne, un grand troupeau de
pourceaux qui paissaient.
- Et les démons le prièrent,
disant: Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous entrions en
eux.
- Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent,
entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita des
pentes escarpées dans la mer: il y en avait environ deux mille, et ils se
noyèrent dans la mer.
- Ceux qui les faisaient paître
s'enfuirent, et répandirent la nouvelle dans la ville et dans les
campagnes. Les gens allèrent voir ce qui était
arrivé.
- Ils vinrent auprès de Jésus, et ils virent
le démoniaque, celui qui avait eu la légion, assis, vêtu, et
dans son bon sens; et ils furent saisis de frayeur.
- Ceux qui avaient vu
ce qui s'était passé leur racontèrent ce qui
était arrivé au démoniaque et aux pourceaux.
- Alors
ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur
territoire.
- Comme il montait dans la barque, celui qui avait
été démoniaque lui demanda la permission de rester avec
lui.
- Jésus ne le lui permit pas, mais il lui dit: Va dans ta
maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t'a fait, et
comment il a eu pitié de toi.
- Il s'en alla, et se mit
à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait
pour lui. Et tous furent dans l'étonnement.
- Jésus dans
la barque regagna l'autre rive, où une grande foule s'assembla
près de lui. Il était au bord de la mer.
- Alors vint un des
chefs de la synagogue, nommé Jaïrus, qui, l'ayant aperçu,
se jeta à ses pieds,
- et lui adressa cette instante prière:
Ma petite fille est à l'extrémité, viens, impose-lui
les mains, afin qu'elle soit sauvée et qu'elle
vive.
- Jésus s'en alla avec lui. Et une grande foule le
suivait et le pressait.
- Or, il y avait une femme atteinte d'une
perte de sang depuis douze ans.
- Elle avait beaucoup souffert entre les
mains de plusieurs médecins, elle avait dépensé tout ce
qu'elle possédait, et elle n'avait éprouvé aucun
soulagement, mais était allée plutôt en
empirant.
- Ayant entendu parler de Jésus, elle vint dans la foule
par derrière, et toucha son vêtement.
- Car elle disait: Si
je puis seulement toucher ses vêtements, je serai
guérie.
- Au même instant la perte de sang
s'arrêta, et elle sentit dans son corps qu'elle était
guérie de son mal.
- Jésus connut aussitôt en
lui-même qu'une force était sortie de lui; et, se retournant au
milieu de la foule, il dit: Qui a touché mes vêtements?
- Ses
disciples lui dirent: Tu vois la foule qui te presse, et tu dis: Qui m'a
touché?
- Et il regardait autour de lui, pour voir celle qui avait
fait cela.
- La femme, effrayée et tremblante, sachant ce qui
s'était passé en elle, vint se jeter à ses pieds, et
lui dit toute la vérité.
- Mais Jésus lui dit: Ma
fille, ta foi t'a sauvée; va en paix, et sois guérie de ton
mal.
- Comme il parlait encore, survinrent de chez le chef de la synagogue
des gens qui dirent: Ta fille est morte; pourquoi importuner davantage le
maître?
- Mais Jésus, sans tenir compte de ces paroles, dit
au chef de la synagogue: Ne crains pas, crois seulement.
- Et il ne permit
à personne de l'accompagner, si ce n'est à Pierre,
à Jacques, et à Jean, frère de Jacques.
- Ils
arrivèrent à la maison du chef de la synagogue, où
Jésus vit une foule bruyante et des gens qui pleuraient et poussaient de
grands cris.
- Il entra, et leur dit: Pourquoi faites-vous du bruit, et
pourquoi pleurez-vous? L'enfant n'est pas morte, mais elle
dort.
- Et ils se moquaient de lui. Alors, ayant fait sortir tout le
monde, il prit avec lui le père et la mère de l'enfant, et
ceux qui l'avaient accompagné, et il entra là où
était l'enfant.
- Il la saisit par la main, et lui dit: Talitha
koumi, ce qui signifie: Jeune fille, lève-toi, je te le
dis.
- Aussitôt la jeune fille se leva, et se mit à marcher;
car elle avait douze ans. Et ils furent dans un grand
étonnement.
- Jésus leur adressa de fortes recommandations,
pour que personne ne sût la chose; et il dit qu'on donnât
à manger à la jeune fille.
- Jésus partit de là, et se rendit dans sa patrie. Ses
disciples le suivirent.
- Quand le sabbat fut venu, il se mit à
enseigner dans la synagogue. Beaucoup de gens qui l'entendirent
étaient étonnés et disaient: D'où lui viennent
ces choses? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée,
et comment de tels miracles se font-ils par ses mains?
- N'est-ce pas
le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude
et de Simon? et ses soeurs ne sont-elles pas ici parmi nous? Et il était
pour eux une occasion de chute.
- Mais Jésus leur dit: Un
prophète n'est méprisé que dans sa patrie, parmi ses
parents, et dans sa maison.
- Il ne put faire là aucun miracle, si
ce n'est qu'il imposa les mains à quelques malades et les
guérit.
- Et il s'étonnait de leur
incrédulité. Jésus parcourait les villages d'alentour,
en enseignant.
- Alors il appela les douze, et il commença à
les envoyer deux à deux, en leur donnant pouvoir sur les esprits
impurs.
- Il leur prescrivit de ne rien prendre pour le voyage, si ce
n'est un bâton; de n'avoir ni pain, ni sac, ni monnaie dans la
ceinture;
- de chausser des sandales, et de ne pas revêtir deux
tuniques.
- Puis il leur dit: Dans quelque maison que vous entriez,
restez-y jusqu'à ce que vous partiez de ce lieu.
- Et, s'il
y a quelque part des gens qui ne vous reçoivent ni ne vous
écoutent, retirez-vous de là, et secouez la poussière de
vos pieds, afin que cela leur serve de témoignage.
- Ils partirent,
et ils prêchèrent la repentance.
- Ils chassaient beaucoup de
démons, et ils oignaient d'huile beaucoup de malades et les
guérissaient.
- Le roi Hérode entendit parler de
Jésus, dont le nom était devenu célèbre, et il dit:
Jean Baptiste est ressuscité des morts, et c'est pour cela qu'il
se fait par lui des miracles.
- D'autres disaient: C'est
Élie. Et d'autres disaient: C'est un prophète comme
l'un des prophètes.
- Mais Hérode, en apprenant cela,
disait: Ce Jean que j'ai fait décapiter, c'est lui qui est
ressuscité.
- Car Hérode lui-même avait fait
arrêter Jean, et l'avait fait lier en prison, à cause
d'Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu'il
l'avait épousée,
- et que Jean lui disait: Il ne
t'est pas permis d'avoir la femme de ton
frère.
- Hérodias était irritée contre Jean,
et voulait le faire mourir.
- Mais elle ne le pouvait; car Hérode
craignait Jean, le connaissant pour un homme juste et saint; il le
protégeait, et, après l'avoir entendu, il était souvent
perplexe, et l'écoutait avec plaisir.
- Cependant, un jour
propice arriva, lorsque Hérode, à l'anniversaire de sa
naissance, donna un festin à ses grands, aux chefs militaires et aux
principaux de la Galilée.
- La fille d'Hérodias entra
dans la salle; elle dansa, et plut à Hérode et à ses
convives. Le roi dit à la jeune fille: Demande-moi ce que tu voudras, et
je te le donnerai.
- Il ajouta avec serment: Ce que tu me demanderas, je
te le donnerai, fût-ce la moitié de mon
royaume.
- Étant sortie, elle dit à sa mère: Que
demanderais-je? Et sa mère répondit: La tête de Jean
Baptiste.
- Elle s'empressa de rentrer aussitôt vers le roi, et
lui fit cette demande: Je veux que tu me donnes à l'instant, sur un
plat, la tête de Jean Baptiste.
- Le roi fut attristé; mais,
à cause de ses serments et des convives, il ne voulut pas lui faire un
refus.
- Il envoya sur-le-champ un garde, avec ordre d'apporter la
tête de Jean Baptiste.
- Le garde alla décapiter Jean dans la
prison, et apporta la tête sur un plat. Il la donna à la jeune
fille, et la jeune fille la donna à sa mère.
- Les disciples
de Jean, ayant appris cela, vinrent prendre son corps, et le mirent dans un
sépulcre.
- Les apôtres, s'étant rassemblés
auprès de Jésus, lui racontèrent tout ce qu'ils avaient
fait et tout ce qu'ils avaient enseigné.
- Jésus leur
dit: Venez à l'écart dans un lieu désert, et
reposez-vous un peu. Car il y avait beaucoup d'allants et de venants, et ils
n'avaient même pas le temps de manger.
- Ils partirent donc dans
une barque, pour aller à l'écart dans un lieu
désert.
- Beaucoup de gens les virent s'en aller et les
reconnurent, et de toutes les villes on accourut à pied et on les
devança au lieu où ils se rendaient.
- Quand il sortit de la
barque, Jésus vit une grande foule, et fut ému de compassion pour
eux, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont point de
berger; et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses.
- Comme
l'heure était déjà avancée, ses disciples
s'approchèrent de lui, et dirent: Ce lieu est désert, et
l'heure est déjà avancée;
- renvoie-les, afin
qu'ils aillent dans les campagnes et dans les villages des environs, pour
s'acheter de quoi manger.
- Jésus leur répondit:
Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils lui dirent: Irions-nous
acheter des pains pour deux cents deniers, et leur donnerions-nous à
manger?
- Et il leur dit: Combien avez-vous de pains? Allez voir. Ils
s'en assurèrent, et répondirent: Cinq, et deux
poissons.
- Alors il leur commanda de les faire tous asseoir par groupes
sur l'herbe verte,
- et ils s'assirent par rangées de cent
et de cinquante.
- Il prit les cinq pains et les deux poissons et, levant
les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains, et les
donna aux disciples, afin qu'ils les distribuassent à la foule. Il
partagea aussi les deux poissons entre tous.
- Tous mangèrent et
furent rassasiés,
- et l'on emporta douze paniers pleins de
morceaux de pain et de ce qui restait des poissons.
- Ceux qui avaient
mangé les pains étaient cinq mille hommes.
- Aussitôt
après, il obligea ses disciples à monter dans la barque et
à passer avant lui de l'autre côté, vers Bethsaïda,
pendant que lui-même renverrait la foule.
- Quand il l'eut
renvoyée, il s'en alla sur la montagne, pour prier.
- Le soir
étant venu, la barque était au milieu de la mer, et Jésus
était seul à terre.
- Il vit qu'ils avaient beaucoup de
peine à ramer; car le vent leur était contraire. A la
quatrième veille de la nuit environ, il alla vers eux, marchant sur la
mer, et il voulait les dépasser.
- Quand ils le virent marcher sur
la mer, ils crurent que c'étaient un fantôme, et ils
poussèrent des cris;
- car ils le voyaient tous, et ils
étaient troublés. Aussitôt Jésus leur parla, et leur
dit: Rassurez-vous, c'est moi, n'ayez pas peur!
- Puis il monta
vers eux dans la barque, et le vent cessa. Ils furent en eux-même tout
stupéfaits et remplis d'étonnement;
- car ils
n'avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur coeur
était endurci.
- Après avoir traversé la mer, ils
vinrent dans le pays de Génésareth, et ils
abordèrent.
- Quand ils furent sortis de la barque, les gens, ayant
aussitôt reconnu Jésus,
- parcoururent tous les environs, et
l'on se mit à apporter les malades sur des lits, partout où
l'on apprenait qu'il était.
- En quelque lieu qu'il
arrivât, dans les villages, dans les villes ou dans les campagnes, on
mettait les malades sur les places publiques, et on le priait de leur permettre
seulement de toucher le bord de son vêtement. Et tous ceux qui le
touchaient étaient guéris.
- Les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem,
s'assemblèrent auprès de Jésus.
- Ils virent
quelques-uns de ses disciples prendre leurs repas avec des mains impures,
c'est-à-dire, non lavées.
- Or, les pharisiens et tous
les Juifs ne mangent pas sans s'être lavé soigneusement les
mains, conformément à la tradition des anciens;
- et, quand
ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu'après
s'être purifiés. Ils ont encore beaucoup d'autres
observances traditionnelles, comme le lavage des coupes, des cruches et des
vases d'airain.
- Et les pharisiens et les scribes lui
demandèrent: Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des
anciens, mais prennent-ils leurs repas avec des mains
impures?
- Jésus leur répondit: Hypocrites,
Ésaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu'il est
écrit: Ce peuple m'honore des lèvres, Mais son coeur est
éloigné de moi.
- C'est en vain qu'ils
m'honorent, En donnant des préceptes qui sont des commandements
d'hommes.
- Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez
la tradition des hommes.
- Il leur dit encore: Vous anéantissez
fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition.
- Car
Moïse a dit: Honore ton père et ta mère; et: Celui qui
maudira son père ou sa mère sera puni de mort.
- Mais vous,
vous dites: Si un homme dit à son père ou à sa mère:
Ce dont j'aurais pu t'assister est corban, c'est-à-dire, une
offrande à Dieu,
- vous ne le laissez plus rien faire pour son
père ou pour sa mère,
- annulant ainsi la parole de Dieu par
votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup
d'autres choses semblables.
- Ensuite, ayant de nouveau appelé
la foule à lui, il lui dit: Écoutez-moi tous, et
comprenez.
- Il n'est hors de l'homme rien qui, entrant en lui,
puisse le souiller; mais ce qui sort de l'homme, c'est ce qui le
souille.
- Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il
entende.
- Lorsqu'il fut entré dans la maison, loin de la
foule, ses disciples l'interrogèrent sur cette parabole.
- Il
leur dit: Vous aussi, êtes-vous donc sans intelligence? Ne comprenez-vous
pas que rien de ce qui du dehors entre dans l'homme ne peut le
souiller?
- Car cela n'entre pas dans son coeur, mais dans son ventre,
puis s'en va dans les lieux secrets, qui purifient tous les
aliments.
- Il dit encore: Ce qui sort de l'homme, c'est ce qui
souille l'homme.
- Car c'est du dedans, c'est du coeur des
hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les
impudicités, les meurtres,
- les vols, les cupidités, les
méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard
envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie.
- Toutes ces choses
mauvaises sortent du dedans, et souillent l'homme.
- Jésus,
étant parti de là, s'en alla dans le territoire de Tyr et de
Sidon. Il entra dans une maison, désirant que personne ne le sût;
mais il ne put rester caché.
- Car une femme, dont la fille
était possédée d'un esprit impur, entendit parler de
lui, et vint se jeter à ses pieds.
- Cette femme était
grecque, syro-phénicienne d'origine. Elle le pria de chasser le
démon hors de sa fille. Jésus lui dit:
- Laisse d'abord
les enfants se rassasier; car il n'est pas bien de prendre le pain des
enfants, et de le jeter aux petits chiens.
- Oui, Seigneur, lui
répondit-elle, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes
des enfants.
- Alors il lui dit: à cause de cette parole, va, le
démon est sorti de ta fille.
- Et, quand elle rentra dans sa
maison, elle trouva l'enfant couchée sur le lit, le démon
étant sorti.
- Jésus quitta le territoire de Tyr, et revint
par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le pays de la
Décapole.
- On lui amena un sourd, qui avait de la
difficulté à parler, et on le pria de lui imposer les
mains.
- Il le prit à part loin de la foule, lui mit les doigts
dans les oreilles, et lui toucha la langue avec sa propre salive;
- puis,
levant les yeux au ciel, il soupira, et dit: Éphphatha,
c'est-à-dire, ouvre-toi.
- Aussitôt ses oreilles
s'ouvrirent, sa langue se délia, et il parla très
bien.
- Jésus leur recommanda de n'en parler à personne;
mais plus il le leur recommanda, plus ils le publièrent.
- Ils
étaient dans le plus grand étonnement, et disaient: Il fait tout
à merveille; même il fait entendre les sourds, et parler les
muets.
- En ces jours-là,
une foule nombreuse s'étant de nouveau réunie et n'ayant
pas de quoi manger, Jésus appela les disciples, et leur dit:
- Je
suis ému de compassion pour cette foule; car voilà trois jours
qu'ils sont près de moi, et ils n'ont rien à
manger.
- Si je les renvoie chez eux à jeun, les forces leur
manqueront en chemin; car quelques-uns d'entre eux sont venus de
loin.
- Ses disciples lui répondirent: Comment pourrait-on les
rassasier de pains, ici, dans un lieu désert?
- Jésus leur
demanda: Combien avez-vous de pains? Sept, répondirent-ils.
- Alors
il fit asseoir la foule par terre, prit les sept pains, et, après avoir
rendu grâces, il les rompit, et les donna à ses disciples pour les
distribuer; et ils les distribuèrent à la foule.
- Ils
avaient encore quelques petits poissons, et Jésus, ayant rendu
grâces, les fit aussi distribuer.
- Ils mangèrent et furent
rassasiés, et l'on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui
restaient.
- Ils étaient environ quatre mille. Ensuite Jésus
les renvoya.
- Aussitôt il monta dans la barque avec ses disciples,
et se rendit dans la contrée de Dalmanutha.
- Les pharisiens
survinrent, se mirent à discuter avec Jésus, et, pour
l'éprouver, lui demandèrent un signe venant du
ciel.
- Jésus, soupirant profondément en son esprit, dit:
Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe? Je vous le dis
en vérité, il ne sera point donné de signe à cette
génération.
- Puis il les quitta, et remonta dans la barque,
pour passer sur l'autre bord.
- Les disciples avaient oublié de
prendre des pains; ils n'en avaient qu'un seul avec eux dans la
barque.
- Jésus leur fit cette recommandation: Gardez-vous avec
soin du levain des pharisiens et du levain d'Hérode.
- Les
disciples raisonnaient entre eux, et disaient: C'est parce que nous
n'avons pas de pains.
- Jésus, l'ayant connu, leur dit:
Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n'avez pas de pains? Etes-vous
encore sans intelligence, et ne comprenez-vous pas?
- Avez-vous le coeur
endurci? Ayant des yeux, ne voyez-vous pas? Ayant des oreilles,
n'entendez-vous pas? Et n'avez-vous point de
mémoire?
- Quand j'ai rompu les cinq pains pour les cinq mille
hommes, combien de paniers pleins de morceaux avez-vous emportés? Douze,
lui répondirent-ils.
- Et quand j'ai rompu les sept pains pour
les quatre mille hommes, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous
emportées? Sept, répondirent-ils.
- Et il leur dit: Ne
comprenez-vous pas encore?
- Ils se rendirent à Bethsaïda; et
on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de toucher.
- Il
prit l'aveugle par la main, et le conduisit hors du village; puis il lui mit
de la salive sur les yeux, lui imposa les mains, et lui demanda s'il voyait
quelque chose.
- Il regarda, et dit: J'aperçois les hommes,
mais j'en vois comme des arbres, et qui marchent.
- Jésus lui
mit de nouveau les mains sur les yeux; et, quand l'aveugle regarda fixement,
il fut guéri, et vit tout distinctement.
- Alors Jésus le
renvoya dans sa maison, en disant: N'entre pas au
village.
- Jésus s'en alla, avec ses disciples, dans les
villages de Césarée de Philippe, et il leur posa en chemin cette
question: Qui dit-on que je suis?
- Ils répondirent: Jean Baptiste;
les autres, Élie, les autres, l'un des prophètes.
- Et
vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis? Pierre lui répondit:
Tu es le Christ.
- Jésus leur recommanda sévèrement
de ne dire cela de lui à personne.
- Alors il commença
à leur apprendre qu'il fallait que le Fils de l'homme
souffrît beaucoup, qu'il fût rejeté par les anciens, par
les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu'il fût mis
à mort, et qu'il ressuscitât trois jours
après.
- Il leur disait ces choses ouvertement. Et Pierre,
l'ayant pris à part, se mit à le reprendre.
- Mais
Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda
Pierre, et dit: Arrière de moi, Satan! car tu ne conçois pas les
choses de Dieu, tu n'as que des pensées humaines.
- Puis, ayant
appelé la foule avec ses disciples, il leur dit: Si quelqu'un veut
venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se
charge de sa croix, et qu'il me suive.
- Car celui qui voudra sauver
sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la
bonne nouvelle la sauvera.
- Et que sert-il à un homme de gagner
tout le monde, s'il perd son âme?
- Que donnerait un homme en
échange de son âme?
- Car quiconque aura honte de moi et de
mes paroles au milieu de cette génération adultère et
pécheresse, le Fils de l'homme aura aussi honte de lui, quand il
viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges.
- Il leur dit encore: Je vous le dis en
vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point,
qu'ils n'aient vu le royaume de Dieu venir avec puissance.
- Six
jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il
les conduisit seuls à l'écart sur une haute montagne. Il fut
transfiguré devant eux;
- ses vêtements devinrent
resplendissants, et d'une telle blancheur qu'il n'est pas de foulon
sur la terre qui puisse blanchir ainsi.
- Élie et Moïse leur
apparurent, s'entretenant avec Jésus.
- Pierre, prenant la
parole, dit à Jésus: Rabbi, il est bon que nous soyons ici;
dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour
Élie.
- Car il ne savait que dire, l'effroi les ayant
saisis.
- Une nuée vint les couvrir, et de la nuée sortit
une voix: Celui-ci est mon Fils bien-aimé:
écoutez-le!
- Aussitôt les disciples regardèrent tout
autour, et ils ne virent que Jésus seul avec eux.
- Comme ils
descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne dire à
personne ce qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que le Fils de
l'homme fût ressuscité des morts.
- Ils retinrent cette
parole, se demandant entre eux ce que c'est que ressusciter des
morts.
- Les disciples lui firent cette question: Pourquoi les scribes
disent-ils qu'il faut qu'Élie vienne
premièrement?
- Il leur répondit: Élie viendra
premièrement, et rétablira toutes choses. Et pourquoi est-il
écrit du Fils de l'homme qu'il doit souffrir beaucoup et
être méprisé?
- Mais je vous dis qu'Élie
est venu, et qu'ils l'ont traité comme ils ont voulu, selon
qu'il est écrit de lui.
- Lorsqu'ils furent arrivés
près des disciples, ils virent autour d'eux une grande foule, et des
scribes qui discutaient avec eux.
- Dès que la foule vit
Jésus, elle fut surprise, et accourut pour le saluer.
- Il leur
demanda: Sur quoi discutez-vous avec eux?
- Et un homme de la foule lui
répondit: Maître, j'ai amené auprès de toi mon
fils, qui est possédé d'un esprit muet.
- En quelque
lieu qu'il le saisisse, il le jette par terre; l'enfant écume,
grince des dents, et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de
chasser l'esprit, et ils n'ont pas pu.
- Race incrédule,
leur dit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous? jusques
à quand vous supporterai-je? Amenez-le-moi. On le lui amena.
- Et
aussitôt que l'enfant vit Jésus, l'esprit l'agita avec
violence; il tomba par terre, et se roulait en
écumant.
- Jésus demanda au père: Combien y a-t-il de
temps que cela lui arrive? Depuis son enfance, répondit-il.
- Et
souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le
faire périr. Mais, si tu peux quelque chose, viens à notre
secours, aie compassion de nous.
- Jésus lui dit: Si tu peux!...
Tout est possible à celui qui croit.
- Aussitôt le
père de l'enfant s'écria: Je crois! viens au secours de
mon incrédulité!
- Jésus, voyant accourir la foule,
menaça l'esprit impur, et lui dit: Esprit muet et sourd, je te
l'ordonne, sors de cet enfant, et n'y rentre plus.
- Et il sortit,
en poussant des cris, et en l'agitant avec une grande violence. L'enfant
devint comme mort, de sorte que plusieurs disaient qu'il était
mort.
- Mais Jésus, l'ayant pris par la main, le fit lever. Et
il se tint debout.
- Quand Jésus fut entré dans la maison,
ses disciples lui demandèrent en particulier: Pourquoi n'avons-nous
pu chasser cet esprit?
- Il leur dit: Cette espèce-là ne
peut sortir que par la prière.
- Ils partirent de là, et
traversèrent la Galilée. Jésus ne voulait pas qu'on le
sût.
- Car il enseignait ses disciples, et il leur dit: Le Fils de
l'homme sera livré entre les mains des hommes; ils le feront mourir,
et, trois jours après qu'il aura été mis à mort,
il ressuscitera.
- Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole, et
ils craignaient de l'interroger.
- Ils arrivèrent à
Capernaüm. Lorsqu'il fut dans la maison, Jésus leur demanda: De
quoi discutiez-vous en chemin?
- Mais ils gardèrent le silence, car
en chemin ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le
plus grand.
- Alors il s'assit, appela les douze, et leur dit: Si
quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le
serviteur de tous.
- Et il prit un petit enfant, le plaça au milieu
d'eux, et l'ayant pris dans ses bras, il leur dit:
- Quiconque
reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit
moi-même; et quiconque me reçoit, reçoit non pas moi, mais
celui qui m'a envoyé.
- Jean lui dit: Maître, nous avons
vu un homme qui chasse des démons en ton nom; et nous l'en avons
empêché, parce qu'il ne nous suit pas.
- Ne l'en
empêchez pas, répondit Jésus, car il n'est personne qui,
faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de
moi.
- Qui n'est pas contre nous est pour nous.
- Et quiconque
vous donnera à boire un verre d'eau en mon nom, parce que vous
appartenez à Christ, je vous le dis en vérité, il ne perdra
point sa récompense.
- Mais, si quelqu'un scandalisait un de
ces petits qui croient, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui mît au
cou une grosse meule de moulin, et qu'on le jetât dans la
mer.
- Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la; mieux vaut
pour toi entrer manchot dans la vie,
- que d'avoir les deux mains et
d'aller dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint
point.
- Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le; mieux
vaut pour toi entrer boiteux dans la vie,
- que d'avoir les deux pieds
et d'être jeté dans la géhenne, dans le feu qui ne
s'éteint point.
- Et si ton oeil est pour toi une occasion de
chute, arrache-le; mieux vaut pour toi entrer dans le royaume de Dieu
n'ayant qu'un oeil, que d'avoir deux yeux et d'être
jeté dans la géhenne,
- où leur ver ne meurt point,
et où le feu ne s'éteint point.
- Car tout homme sera
salé de feu.
- Le sel est une bonne chose; mais si le sel devient
sans saveur, avec quoi l'assaisonnerez-vous? (9:51) Ayez du sel en
vous-mêmes, et soyez en paix les uns avec les autres.
- Jésus, étant parti de là,
se rendit dans le territoire de la Judée au delà du Jourdain. La
foule s'assembla de nouveau près de lui, et selon sa coutume, il se
mit encore à l'enseigner.
- Les pharisiens
l'abordèrent; et, pour l'éprouver, ils lui
demandèrent s'il est permis à un homme de
répudiée sa femme.
- Il leur répondit: Que vous a
prescrit Moïse?
- Moïse, dirent-ils, a permis
d'écrire une lettre de divorce et de répudier.
- Et
Jésus leur dit: C'est à cause de la dureté de votre
coeur que Moïse vous a donné ce précepte.
- Mais au
commencement de la création, Dieu fit l'homme et la
femme;
- c'est pourquoi l'homme quittera son père et sa
mère, et s'attachera à sa femme,
- et les deux
deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une
seule chair.
- Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a
joint.
- Lorsqu'ils furent dans la maison, les disciples
l'interrogèrent encore là-dessus.
- Il leur dit: Celui
qui répudie sa femme et qui en épouse une autre, commet un
adultère à son égard;
- et si une femme quitte son
mari et en épouse un autre, elle commet un adultère.
- On
lui amena des petits enfants, afin qu'il les touchât. Mais les
disciples reprirent ceux qui les amenaient.
- Jésus, voyant cela,
fut indigné, et leur dit: Laissez venir à moi les petits enfants,
et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur
ressemblent.
- Je vous le dis en vérité, quiconque ne
recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera
point.
- Puis il les prit dans ses bras, et les bénit, en leur
imposant les mains.
- Comme Jésus se mettait en chemin, un homme
accourut, et se jetant à genoux devant lui: Bon maître, lui
demanda-t-il, que dois-je faire pour hériter la vie
éternelle?
- Jésus lui dit: Pourquoi m'appelles-tu bon?
Il n'y a de bon que Dieu seul.
- Tu connais les commandements: Tu ne
commettras point d'adultère; tu ne tueras point; tu ne
déroberas point; tu ne diras point de faux témoignage; tu ne feras
tort à personne; honore ton père et ta mère.
- Il lui
répondit: Maître, j'ai observé toutes ces choses
dès ma jeunesse.
- Jésus, l'ayant regardé,
l'aima, et lui dit: Il te manque une chose; va, vends tout ce que tu as,
donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et
suis-moi.
- Mais, affligé de cette parole, cet homme s'en alla
tout triste; car il avait de grands biens.
- Jésus, regardant
autour de lui, dit à ses disciples: Qu'il sera difficile à
ceux qui ont des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu!
- Les
disciples furent étonnés de ce que Jésus parlait ainsi. Et,
reprenant, il leur dit: Mes enfants, qu'il est difficile à ceux qui
se confient dans les richesses d'entrer dans le royaume de Dieu!
- Il
est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille
qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu.
- Les
disciples furent encore plus étonnés, et ils se dirent les uns aux
autres; Et qui peut être sauvé?
- Jésus les regarda,
et dit: Cela est impossible aux hommes, mais non à Dieu: car tout est
possible à Dieu.
- Pierre se mit à lui dire; Voici, nous
avons tout quitté, et nous t'avons suivi.
- Jésus
répondit: Je vous le dis en vérité, il n'est personne
qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne
nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses soeurs, ou sa mère, ou
son père, ou ses enfants, ou ses terres,
- ne reçoive au
centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des
frères, des soeurs, des mères, des enfants, et des terres, avec
des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie
éternelle.
- Plusieurs des premiers seront les derniers, et
plusieurs des derniers seront les premiers.
- Ils étaient en chemin
pour monter à Jérusalem, et Jésus allait devant eux. Les
disciples étaient troublés, et le suivaient avec crainte. Et
Jésus prit de nouveau les douze auprès de lui, et commença
à leur dire ce qui devait lui arriver:
- Voici, nous montons
à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux
principaux sacrificateurs et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et
ils le livreront aux païens,
- qui se moqueront de lui, cracheront
sur lui, le battront de verges, et le feront mourir; et, trois jours
après, il ressuscitera.
- Les fils de Zébédée,
Jacques et Jean, s'approchèrent de Jésus, et lui dirent:
Maître, nous voudrions que tu fisses pour nous ce que nous te
demanderons.
- Il leur dit: Que voulez-vous que je fasse pour
vous?
- Accorde-nous, lui dirent-ils, d'être assis l'un
à ta droite et l'autre à ta gauche, quand tu seras dans ta
gloire.
- Jésus leur répondit: Vous ne savez ce que vous
demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, ou être
baptisés du baptême dont je dois être baptisé? Nous le
pouvons, dirent-ils.
- Et Jésus leur répondit: Il est vrai
que vous boirez la coupe que je dois boire, et que vous serez baptisés du
baptême dont je dois être baptisé;
- mais pour ce qui
est d'être assis à ma droite ou à ma gauche, cela ne
dépend pas de moi, et ne sera donné qu'à ceux à
qui cela est réservé.
- Les dix, ayant entendu cela,
commencèrent à s'indigner contre Jacques et
Jean.
- Jésus les appela, et leur dit: Vous savez que ceux
qu'on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands
les dominent.
- Il n'en est pas de même au milieu de vous. Mais
quiconque veut être grand parmi vous, qu'il soit votre
serviteur;
- et quiconque veut être le premier parmi vous, qu'il
soit l'esclave de tous.
- Car le Fils de l'homme est venu, non
pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon
de plusieurs.
- Ils arrivèrent à Jéricho. Et, lorsque
Jésus en sortit, avec ses disciples et une assez grande foule, le fils de
Timée, Bartimée, mendiant aveugle, était assis au bord du
chemin.
- Il entendit que c'était Jésus de Nazareth, et
il se mit à crier; Fils de David, Jésus aie pitié de
moi!
- Plusieurs le reprenaient, pour le faire taire; mais il criait
beaucoup plus fort; Fils de David, aie pitié de moi!
- Jésus
s'arrêta, et dit: Appelez-le. Ils appelèrent l'aveugle, en
lui disant: Prends courage, lève-toi, il
t'appelle.
- L'aveugle jeta son manteau, et, se levant d'un
bond, vint vers Jésus.
- Jésus, prenant la parole, lui dit:
Que veux-tu que je te fasse? Rabbouni, lui répondit l'aveugle, que je
recouvre la vue.
- Et Jésus lui dit: Va, ta foi t'a
sauvé. (10:53) Aussitôt il recouvra la vue, et suivit Jésus
dans le chemin.
- Lorsqu'ils
approchèrent de Jérusalem, et qu'ils furent près de
Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne des oliviers,
Jésus envoya deux de ses disciples,
- en leur disant: Allez au
village qui est devant vous; dès que vous y serez entrés, vous
trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s'est
encore assis; détachez-le, et amenez-le.
- Si quelqu'un vous
dit: Pourquoi faites-vous cela? répondez: Le Seigneur en a besoin. Et
à l'instant il le laissera venir ici.
- les disciples,
étant allés, trouvèrent l'ânon attaché
dehors près d'une porte, au contour du chemin, et ils le
détachèrent.
- Quelques-uns de ceux qui étaient
là leur dirent: Que faites-vous? pourquoi détachez-vous cet
ânon?
- Ils répondirent comme Jésus l'avait dit.
Et on les laissa aller.
- Ils amenèrent à Jésus
l'ânon, sur lequel ils jetèrent leurs vêtements, et
Jésus s'assit dessus.
- Beaucoup de gens étendirent
leurs vêtements sur le chemin, et d'autres des branches qu'ils
coupèrent dans les champs.
- Ceux qui précédaient et
ceux qui suivaient Jésus criaient: Hosanna! Béni soit celui qui
vient au nom du Seigneur!
- Béni soit le règne qui vient, le
règne de David, notre père! Hosanna dans les lieux très
hauts!
- Jésus entra à Jérusalem, dans le temple.
Quand il eut tout considéré, comme il était
déjà tard, il s'en alla à Béthanie avec les
douze.
- Le lendemain, après qu'ils furent sortis de
Béthanie, Jésus eut faim.
- Apercevant de loin un figuier
qui avait des feuilles, il alla voir s'il y trouverait quelque chose; et,
s'en étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce
n'était pas la saison des figues.
- Prenant alors la parole, il
lui dit: Que jamais personne ne mange de ton fruit! Et ses disciples
l'entendirent.
- Ils arrivèrent à Jérusalem, et
Jésus entra dans le temple. Il se mit à chasser ceux qui vendaient
et qui achetaient dans le temple; il renversa les tables des changeurs, et les
sièges des vendeurs de pigeons;
- et il ne laissait personne
transporter aucun objet à travers le temple.
- Et il enseignait et
disait: N'est-il pas écrit: Ma maison sera appelée une maison
de prière pour toutes les nations? Mais vous, vous en avez fait une
caverne de voleurs.
- Les principaux sacrificateurs et les scribes,
l'ayant entendu, cherchèrent les moyens de le faire périr; car
ils le craignaient, parce que toute la foule était frappée de sa
doctrine.
- Quand le soir fut venu, Jésus sortit de la
ville.
- Le matin, en passant, les disciples virent le figuier
séché jusqu'aux racines.
- Pierre, se rappelant ce qui
s'était passé, dit à Jésus: Rabbi, regarde, le
figuier que tu as maudit a séché.
- Jésus prit la
parole, et leur dit: Ayez foi en Dieu.
- Je vous le dis en
vérité, si quelqu'un dit à cette montagne: Ote-toi de
là et jette-toi dans la mer, et s'il ne doute point en son coeur,
mais croit que ce qu'il dit arrive, il le verra
s'accomplir.
- C'est pourquoi je vous dis: Tout ce que vous
demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez
s'accomplir.
- Et, lorsque vous êtes debout faisant votre
prière, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez, afin
que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos
offenses.
- Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans
les cieux ne vous pardonnera pas non plus vos offenses.
- Ils se rendirent
de nouveau à Jérusalem, et, pendant que Jésus se promenait
dans le temple, les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens,
vinrent à lui,
- et lui dirent: Par quelle autorité fais-tu
ces choses, et qui t'a donné l'autorité de les
faire?
- Jésus leur répondit: Je vous adresserai aussi une
question; répondez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je
fais ces choses.
- Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des
hommes? Répondez-moi.
- Mais ils raisonnèrent ainsi entre
eux: Si nous répondons: Du ciel, il dira: Pourquoi donc n'avez-vous
pas cru en lui?
- Et si nous répondons: Des hommes... Ils
craignaient le peuple, car tous tenaient réellement Jean pour un
prophète.
- Alors ils répondirent à Jésus:
Nous ne savons. Et Jésus leur dit: Moi non plus, je ne vous dirai pas par
quelle autorité je fais ces choses.
- Jésus se mit ensuite à leur parler en paraboles. Un
homme planta une vigne. Il l'entoura d'une haie, creusa un pressoir, et
bâtit une tour; puis il l'afferma à des vignerons, et quitta le
pays.
- Au temps de la récolte, il envoya un serviteur vers les
vignerons, pour recevoir d'eux une part du produit de la
vigne.
- S'étant saisis de lui, ils le battirent, et le
renvoyèrent à vide.
- Il envoya de nouveau vers eux un autre
serviteur; ils le frappèrent à la tête, et
l'outragèrent.
- Il en envoya un troisième, qu'ils
tuèrent; puis plusieurs autres, qu'ils battirent ou
tuèrent.
- Il avait encore un fils bien-aimé; il
l'envoya vers eux le dernier, en disant: Ils auront du respect pour mon
fils.
- Mais ces vignerons dirent entre eux: Voici l'héritier;
venez, tuons-le, et l'héritage sera à nous.
- Et ils se
saisirent de lui, le tuèrent, et le jetèrent hors de la
vigne.
- Maintenant, que fera le maître de la vigne? Il viendra,
fera périr les vignerons, et il donnera la vigne à
d'autres.
- N'avez-vous pas lu cette parole de
l'Écriture: La pierre qu'ont rejetée ceux qui
bâtissaient Est devenue la principale de l'angle;
- C'est
par la volonté du Seigneur qu'elle l'est devenue, Et c'est un
prodige à nos yeux?
- Ils cherchaient à se saisir de lui,
mais ils craignaient la foule. Ils avaient compris que c'était pour
eux que Jésus avait dit cette parabole. Et ils le quittèrent, et
s'en allèrent.
- Ils envoyèrent auprès de
Jésus quelques-uns des pharisiens et des hérodiens, afin de le
surprendre par ses propres paroles.
- Et ils vinrent lui dire:
Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu ne t'inquiètes de
personne; car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes, et tu
enseignes la voie de Dieu selon la vérité. Est-il permis, ou non,
de payer le tribut à César? Devons-nous payer, ou ne pas
payer?
- Jésus, connaissant leur hypocrisie, leur répondit:
Pourquoi me tentez-vous? Apportez-moi un denier, afin que je le
voie.
- Ils en apportèrent un; et Jésus leur demanda: De qui
sont cette effigie et cette inscription? De César, lui
répondirent-ils.
- Alors il leur dit: Rendez à César
ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et
ils furent à son égard dans l'étonnement.
- Les
sadducéens, qui disent qu'il n'y a point de résurrection,
vinrent auprès de Jésus, et lui firent cette
question:
- Maître, voici ce que Moïse nous a prescrit: Si le
frère de quelqu'un meurt, et laisse une femme, sans avoir
d'enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera une
postérité à son frère.
- Or, il y avait sept
frères. Le premier se maria, et mourut sans laisser de
postérité.
- Le second prit la veuve pour femme, et mourut
sans laisser de postérité. Il en fut de même du
troisième,
- et aucun des sept ne laissa de
postérité. Après eux tous, la femme mourut aussi.
- A
la résurrection, duquel d'entre eux sera-t-elle la femme? Car les
sept l'ont eue pour femme.
- Jésus leur répondit:
N'êtes-vous pas dans l'erreur, parce que vous ne comprenez ni les
Écritures, ni la puissance de Dieu?
- Car, à la
résurrection des morts, les hommes ne prendront point de femmes, ni les
femmes de maris, mais ils seront comme les anges dans les cieux.
- Pour ce
qui est de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu, dans le
livre de Moïse, ce que Dieu lui dit, à propos du buisson: Je suis le
Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob?
- Dieu
n'est pas Dieu des morts, mais des vivants. Vous êtes grandement dans
l'erreur.
- Un des scribes, qui les avait entendus discuter, sachant
que Jésus avait bien répondu aux sadducéens,
s'approcha, et lui demanda: Quel est le premier de tous les
commandements?
- Jésus répondit: Voici le premier:
Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l'unique
Seigneur;
- et: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de
toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta
force.
- Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il
n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là.
- Le
scribe lui dit: Bien, maître; tu as dit avec vérité que Dieu
est unique, et qu'il n'y en a point d'autre que lui,
- et que
l'aimer de tout son coeur, de toute sa pensée, de toute son âme
et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, c'est plus
que tous les holocaustes et tous les sacrifices.
- Jésus, voyant
qu'il avait répondu avec intelligence, lui dit: Tu n'es pas loin
du royaume de Dieu. Et personne n'osa plus lui proposer des
questions.
- Jésus, continuant à enseigner dans le temple,
dit: Comment les scribes disent-ils que le Christ est fils de
David?
- David lui-même, animé par l'Esprit Saint, a dit:
Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite,
Jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.
- David
lui-même l'appelle Seigneur; comment donc est-il son fils? Et une
grande foule l'écoutait avec plaisir.
- Il leur disait dans son
enseignement: Gardez-vous des scribes, qui aiment à se promener en robes
longues, et à être salués dans les places
publiques;
- qui recherchent les premiers sièges dans les
synagogues, et les premières places dans les festins;
- qui
dévorent les maisons des veuves, et qui font pour l'apparence de
longues prières. Ils seront jugés plus
sévèrement.
- Jésus, s'étant assis
vis-à-vis du tronc, regardait comment la foule y mettait de l'argent.
Plusieurs riches mettaient beaucoup.
- Il vint aussi une pauvre veuve,
elle y mit deux petites pièces, faisant un quart de sou.
- Alors
Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit: Je vous le dis en
vérité, cette pauvre veuve a donné plus qu'aucun de
ceux qui ont mis dans le tronc;
- car tous ont mis de leur superflu, mais
elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle possédait, tout
ce qu'elle avait pour vivre.
- Lorsque Jésus sortit du temple, un de ses disciples lui dit:
Maître, regarde quelles pierres, et quelles
constructions!
- Jésus lui répondit: Vois-tu ces grandes
constructions? Il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit
renversée.
- Il s'assit sur la montagne des oliviers, en face
du temple. Et Pierre, Jacques, Jean et André lui firent en particulier
cette question:
- Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et à quel
signe connaîtra-t-on que toutes ces choses vont
s'accomplir?
- Jésus se mit alors à leur dire: Prenez
garde que personne ne vous séduise.
- Car plusieurs viendront sous
mon nom, disant; C'est moi. Et ils séduiront beaucoup de
gens.
- Quand vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres, ne
soyez pas troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera
pas encore la fin.
- Une nation s'élèvera contre une
nation, et un royaume contre un royaume; il y aura des tremblements de terre en
divers lieux, il y aura des famines. Ce ne sera que le commencement des
douleurs.
- Prenez garde à vous-mêmes. On vous livrera aux
tribunaux, et vous serez battus de verges dans les synagogues; vous
comparaîtrez devant des gouverneurs et devant des rois, à cause de
moi, pour leur servir de témoignage.
- Il faut premièrement
que la bonne nouvelle soit prêchée à toutes les
nations.
- Quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous
inquiétez pas d'avance de ce que vous aurez à dire, mais dites
ce qui vous sera donné à l'heure même; car ce n'est
pas vous qui parlerez, mais l'Esprit Saint.
- Le frère livrera
son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se
soulèveront contre leurs parents, et les feront mourir.
- Vous
serez haïs de tous, à cause de mon nom, mais celui qui
persévérera jusqu'à la fin sera
sauvé.
- Lorsque vous verrez l'abomination de la
désolation établie là où elle ne doit pas
être, -que celui qui lit fasse attention, -alors, que ceux qui seront en
Judée fuient dans les montagnes;
- que celui qui sera sur le toit
ne descende pas et n'entre pas pour prendre quelque chose dans sa
maison;
- et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas en
arrière pour prendre son manteau.
- Malheur aux femmes qui seront
enceintes et à celles qui allaiteront en ces
jours-là!
- Priez pour que ces choses n'arrivent pas en
hiver.
- Car la détresse, en ces jours, sera telle qu'il
n'y en a point eu de semblable depuis le commencement du monde que Dieu a
créé jusqu'à présent, et qu'il n'y en
aura jamais.
- Et, si le Seigneur n'avait abrégé ces
jours, personne ne serait sauvé; mais il les a abrégés,
à cause des élus qu'il a choisis.
- Si quelqu'un
vous dit alors: "Le Christ est ici", ou: "Il est là",
ne le croyez pas.
- Car il s'élèvera de faux Christs et
de faux prophètes; ils feront des prodiges et des miracles pour
séduire les élus, s'il était possible.
- Soyez
sur vos gardes: je vous ai tout annoncé d'avance.
- Mais dans
ces jours, après cette détresse, le soleil s'obscurcira, la
lune ne donnera plus sa lumière,
- les étoiles tomberont du
ciel, et les puissances qui sont dans les cieux seront
ébranlées.
- Alors on verra le Fils de l'homme venant
sur les nuées avec une grande puissance et avec gloire.
- Alors il
enverra les anges, et il rassemblera les élus des quatre vents, de
l'extrémité de la terre jusqu'à
l'extrémité du ciel.
- Instruisez-vous par une
comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent
tendres, et que les feuilles poussent, vous connaissez que
l'été est proche.
- De même, quand vous verrez ces
choses arriver, sachez que le Fils de l'homme est proche, à la
porte.
- Je vous le dis en vérité, cette
génération ne passera point, que tout cela
n'arrive.
- Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne
passeront point.
- Pour ce qui est du jour ou de l'heure, personne ne
le sait, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, mais le Père
seul.
- Prenez garde, veillez et priez; car vous ne savez quand ce temps
viendra.
- Il en sera comme d'un homme qui, partant pour un voyage,
laisse sa maison, remet l'autorité à ses serviteurs, indique
à chacun sa tâche, et ordonne au portier de
veiller.
- Veillez donc, car vous ne savez quand viendra le maître
de la maison, ou le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le
matin;
- craignez qu'il ne vous trouve endormis, à son
arrivée soudaine.
- Ce que je vous dis, je le dis à tous:
Veillez.
- La fête de
Pâque et des pains sans levain devait avoir lieu deux jours après.
Les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient les moyens
d'arrêter Jésus par ruse, et de le faire mourir.
- Car
ils disaient: Que ce ne soit pas pendant la fête, afin qu'il n'y
ait pas de tumulte parmi le peuple.
- Comme Jésus était
à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme
entra, pendant qu'il se trouvait à table. Elle tenait un vase
d'albâtre, qui renfermait un parfum de nard pur de grand prix; et,
ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de
Jésus.
- Quelques-uns exprimèrent entre eux leur
indignation: A quoi bon perdre ce parfum?
- On aurait pu le vendre plus de
trois cents deniers, et les donner aux pauvres. Et ils s'irritaient contre
cette femme.
- Mais Jésus dit: Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous
de la peine? Elle a fait une bonne action à mon égard;
- car
vous avez toujours les pauvres avec vous, et vous pouvez leur faire du bien
quand vous voulez, mais vous ne m'avez pas toujours.
- Elle a fait ce
qu'elle a pu; elle a d'avance embaumé mon corps pour la
sépulture.
- Je vous le dis en vérité, partout
où la bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on
racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu'elle a
fait.
- Judas Iscariot, l'un des douze, alla vers les principaux
sacrificateurs, afin de leur livrer Jésus.
- Après
l'avoir entendu, ils furent dans la joie, et promirent de lui donner de
l'argent. Et Judas cherchait une occasion favorable pour le
livrer.
- Le premier jour des pains sans levain, où l'on
immolait la Pâque, les disciples de Jésus lui dirent: Où
veux-tu que nous allions te préparer la Pâque?
- Et il envoya
deux de ses disciples, et leur dit: Allez à la ville; vous rencontrerez
un homme portant une cruche d'eau, suivez-le.
- Quelque part qu'il
entre, dites au maître de la maison: Le maître dit: Où est le
lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples?
- Et il vous
montrera une grande chambre haute, meublée et toute prête:
c'est là que vous nous préparerez la Pâque.
- Les
disciples partirent, arrivèrent à la ville, et trouvèrent
les choses comme il le leur avait dit; et ils préparèrent la
Pâque.
- Le soir étant venu, il arriva avec les
douze.
- Pendant qu'ils étaient à table et qu'ils
mangeaient, Jésus dit: Je vous le dis en vérité, l'un
de vous, qui mange avec moi, me livrera.
- Ils commencèrent
à s'attrister, et à lui dire, l'un après
l'autre: Est-ce moi?
- Il leur répondit: C'est l'un des
douze, qui met avec moi la main dans le plat.
- Le Fils de l'homme
s'en va selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à
l'homme par qui le Fils de l'homme est livré! Mieux vaudrait pour
cet homme qu'il ne fût pas né.
- Pendant qu'ils
mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu
grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant: Prenez, ceci est mon
corps.
- Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu
grâces, il la leur donna, et ils en burent tous.
- Et il leur dit:
Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour
plusieurs.
- Je vous le dis en vérité, je ne boirai plus
jamais du fruit de la vigne, jusqu'au jour où je le boirai nouveau
dans le royaume de Dieu.
- Après avoir chanté les cantiques,
ils se rendirent à la montagne des oliviers.
- Jésus leur
dit: Vous serez tous scandalisés; car il est écrit: Je frapperai
le berger, et les brebis seront dispersées.
- Mais, après
que je serai ressuscité, je vous précéderai en
Galilée.
- Pierre lui dit: Quand tous seraient scandalisés,
je ne serai pas scandalisé.
- Et Jésus lui dit: Je te le dis
en vérité, toi, aujourd'hui, cette nuit même, avant que
le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois.
- Mais Pierre reprit
plus fortement: Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas. Et
tous dirent la même chose.
- Ils allèrent ensuite dans un
lieu appelé Gethsémané, et Jésus dit à ses
disciples: Asseyez-vous ici, pendant que je prierai.
- Il prit avec lui
Pierre, Jacques et Jean, et il commença à éprouver de la
frayeur et des angoisses.
- Il leur dit: Mon âme est triste
jusqu'à la mort; restez ici, et veillez.
- Puis, ayant fait
quelques pas en avant, il se jeta contre terre, et pria que, s'il
était possible, cette heure s'éloignât de
lui.
- Il disait: Abba, Père, toutes choses te sont possibles,
éloigne de moi cette coupe! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce
que tu veux.
- Et il vint vers les disciples, qu'il trouva endormis,
et il dit à Pierre: Simon, tu dors! Tu n'as pu veiller une
heure!
- Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation;
l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible.
- Il
s'éloigna de nouveau, et fit la même prière.
- Il
revint, et les trouva encore endormis; car leurs yeux étaient appesantis.
Ils ne surent que lui répondre.
- Il revint pour la
troisième fois, et leur dit: Dormez maintenant, et reposez-vous!
C'est assez! L'heure est venue; voici, le Fils de l'homme est
livré aux mains des pécheurs.
- Levez-vous, allons; voici,
celui qui me livre s'approche.
- Et aussitôt, comme il parlait
encore, arriva Judas l'un des douze, et avec lui une foule armée
d'épées et de bâtons, envoyée par les principaux
sacrificateurs, par les scribes et par les anciens.
- Celui qui le livrait
leur avait donné ce signe: Celui que je baiserai, c'est lui;
saisissez-le, et emmenez-le sûrement.
- Dès qu'il fut
arrivé, il s'approcha de Jésus, disant: Rabbi! Et il le
baisa.
- Alors ces gens mirent la main sur Jésus, et le
saisirent.
- Un de ceux qui étaient là, tirant
l'épée, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui
emporta l'oreille.
- Jésus, prenant la parole, leur dit: Vous
êtes venus, comme après un brigand, avec des épées et
des bâtons, pour vous emparer de moi.
- J'étais tous les
jours parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m'avez pas saisi.
Mais c'est afin que les Écritures soient accomplies.
- Alors
tous l'abandonnèrent, et prirent la fuite.
- Un jeune homme le
suivait, n'ayant sur le corps qu'un drap. On se saisit de
lui;
- mais il lâcha son vêtement, et se sauva tout
nu.
- Ils emmenèrent Jésus chez le souverain sacrificateur,
où s'assemblèrent tous les principaux sacrificateurs, les
anciens et les scribes.
- Pierre le suivit de loin jusque dans
l'intérieur de la cour du souverain sacrificateur; il s'assit
avec les serviteurs, et il se chauffait près du feu.
- Les
principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient un
témoignage contre Jésus, pour le faire mourir, et ils n'en
trouvaient point;
- car plusieurs rendaient de faux témoignages
contre lui, mais les témoignages ne s'accordaient
pas.
- Quelques-uns se levèrent, et portèrent un faux
témoignage contre lui, disant:
- Nous l'avons entendu dire: Je
détruirai ce temple fait de main d'homme, et en trois jours j'en
bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main
d'homme.
- Même sur ce point-là leur témoignage ne
s'accordait pas.
- Alors le souverain sacrificateur, se levant au
milieu de l'assemblée, interrogea Jésus, et dit: Ne
réponds-tu rien? Qu'est-ce que ces gens déposent contre
toi?
- Jésus garda le silence, et ne répondit rien. Le
souverain sacrificateur l'interrogea de nouveau, et lui dit: Es-tu le
Christ, le Fils du Dieu béni?
- Jésus répondit: Je le
suis. Et vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la
puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.
- Alors le
souverain sacrificateur déchira ses vêtements, et dit:
Qu'avons-nous encore besoin de témoins?
- Vous avez entendu le
blasphème. Que vous en semble? Tous le condamnèrent comme
méritant la mort.
- Et quelques-uns se mirent à cracher sur
lui, à lui voiler le visage et à le frapper à coups de
poing, en lui disant: Devine! Et les serviteurs le reçurent en lui
donnant des soufflets.
- Pendant que Pierre était en bas dans la
cour, il vint une des servantes du souverain sacrificateur.
- Voyant
Pierre qui se chauffait, elle le regarda, et lui dit: Toi aussi, tu étais
avec Jésus de Nazareth.
- Il le nia, disant: Je ne sais pas, je ne
comprends pas ce que tu veux dire. Puis il sortit pour aller dans le vestibule.
Et le coq chanta.
- La servante, l'ayant vu, se mit de nouveau
à dire à ceux qui étaient présents: Celui-ci est de
ces gens-là. Et il le nia de nouveau.
- Peu après, ceux qui
étaient présents dirent encore à Pierre: Certainement tu es
de ces gens-là, car tu es Galiléen.
- Alors il
commença à faire des imprécations et à jurer: Je ne
connais pas cet homme dont vous parlez.
- Aussitôt, pour la seconde
fois, le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus lui
avait dite: Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. Et en
y réfléchissant, il pleurait.
- Dès le matin, les principaux sacrificateurs tinrent conseil
avec les anciens et les scribes, et tout le sanhédrin. Après avoir
lié Jésus, ils l'emmenèrent, et le livrèrent
à Pilate.
- Pilate l'interrogea: Es-tu le roi des Juifs?
Jésus lui répondit: Tu le dis.
- Les principaux
sacrificateurs portaient contre lui plusieurs accusations.
- Pilate
l'interrogea de nouveau: Ne réponds-tu rien? Vois de combien de
choses ils t'accusent.
- Et Jésus ne fit plus aucune
réponse, ce qui étonna Pilate.
- A chaque fête, il
relâchait un prisonnier, celui que demandait la foule.
- Il y avait
en prison un nommé Barabbas avec ses complices, pour un meurtre
qu'ils avaient commis dans une sédition.
- La foule,
étant montée, se mit à demander ce qu'il avait coutume
de leur accorder.
- Pilate leur répondit: Voulez-vous que je vous
relâche le roi des Juif?
- Car il savait que c'était par
envie que les principaux sacrificateurs l'avaient livré.
- Mais
les chefs des sacrificateurs excitèrent la foule, afin que Pilate leur
relâchât plutôt Barabbas.
- Pilate, reprenant la parole,
leur dit: Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des
Juifs?
- Ils crièrent de nouveau: Crucifie-le!
- Pilate leur
dit: Quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent encore plus fort:
Crucifie-le!
- Pilate, voulant satisfaire la foule, leur relâcha
Barabbas; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra
pour être crucifié.
- Les soldats conduisirent Jésus
dans l'intérieur de la cour, c'est-à-dire, dans le
prétoire, et ils assemblèrent toute la cohorte.
- Ils le
revêtirent de pourpre, et posèrent sur sa tête une couronne
d'épines, qu'ils avaient tressée.
- Puis ils se
mirent à le saluer: Salut, roi des Juifs!
- Et ils lui frappaient
la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et, fléchissant les
genoux, ils se prosternaient devant lui.
- Après s'être
ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre, lui
remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le
crucifier.
- Ils forcèrent à porter la croix de Jésus
un passant qui revenait des champs, Simon de Cyrène, père
d'Alexandre et de Rufus;
- et ils conduisirent Jésus au lieu
nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne.
- Ils lui
donnèrent à boire du vin mêlé de myrrhe, mais il ne
le prit pas.
- Ils le crucifièrent, et se partagèrent ses
vêtements, en tirant au sort pour savoir ce que chacun
aurait.
- C'était la troisième heure, quand ils le
crucifièrent.
- L'inscription indiquant le sujet de sa
condamnation portait ces mots: Le roi des Juifs.
- Ils crucifièrent
avec lui deux brigands, l'un à sa droite, et l'autre à sa
gauche.
- Ainsi fut accompli ce que dit l'Écriture: Il a
été mis au nombre des malfaiteurs.
- Les passants
l'injuriaient, et secouaient la tête, en disant: Hé! toi qui
détruis le temple, et qui le rebâtis en trois
jours,
- sauve-toi toi-même, en descendant de la croix!
- Les
principaux sacrificateurs aussi, avec les scribes, se moquaient entre eux, et
disaient: Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver
lui-même!
- Que le Christ, le roi d'Israël, descende
maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions! Ceux qui
étaient crucifiés avec lui l'insultaient aussi.
- La
sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur
toute la terre, jusqu'à la neuvième heure.
- Et à
la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte:
Éloï, Éloï, lama sabachthani? ce qui signifie: Mon Dieu,
mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?
- Quelques-uns de ceux
qui étaient là, l'ayant entendu, dirent: Voici, il appelle
Élie.
- Et l'un d'eux courut remplir une éponge de
vinaigre, et, l'ayant fixée à un roseau, il lui donna à
boire, en disant: Laissez, voyons si Élie viendra le
descendre.
- Mais Jésus, ayant poussé un grand cri,
expira.
- Le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut
jusqu'en bas.
- Le centenier, qui était en face de
Jésus, voyant qu'il avait expiré de la sorte, dit:
Assurément, cet homme était Fils de Dieu.
- Il y avait aussi
des femmes qui regardaient de loin. Parmi elles étaient Marie de Magdala,
Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses, et
Salomé,
- qui le suivaient et le servaient lorsqu'il
était en Galilée, et plusieurs autres qui étaient
montées avec lui à Jérusalem.
- Le soir étant
venu, comme c'était la préparation, c'est-à-dire,
la veille du sabbat, -
- arriva Joseph d'Arimathée, conseiller
de distinction, qui lui-même attendait aussi le royaume de Dieu. Il osa se
rendre vers Pilate, pour demander le corps de Jésus.
- Pilate
s'étonna qu'il fût mort si tôt; fit venir le
centenier et lui demanda s'il était mort depuis
longtemps.
- S'en étant assuré par le centenier, il
donna le corps à Joseph.
- Et Joseph, ayant acheté un
linceul, descendit Jésus de la croix, l'enveloppa du linceul, et le
déposa dans un sépulcre taillé dans le roc. Puis il roula
une pierre à l'entrée du sépulcre.
- Marie de
Magdala, et Marie, mère de Joses, regardaient où on le
mettait.
- Lorsque le sabbat fut
passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé,
achetèrent des aromates, afin d'aller embaumer
Jésus.
- Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au
sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se
lever.
- Elles disaient entre elles: Qui nous roulera la pierre loin de
l'entrée du sépulcre?
- Et, levant les yeux, elles
aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait
été roulée.
- Elles entrèrent dans le
sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu
d'une robe blanche, et elles furent épouvantées.
- Il
leur dit: Ne vous épouvantez pas; vous cherchez Jésus de Nazareth,
qui a été crucifié; il est ressuscité, il n'est
point ici; voici le lieu où on l'avait mis.
- Mais allez dire
à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède
en Galilée: c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a
dit.
- Elles sortirent du sépulcre et s'enfuirent. La peur et
le trouble les avaient saisies; et elles ne dirent rien à personne,
à cause de leur effroi.
- Jésus, étant
ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d'abord
à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept
démons.
- Elle alla en porter la nouvelle à ceux qui avaient
été avec lui, et qui s'affligeaient et
pleuraient.
- Quand ils entendirent qu'il vivait, et qu'elle
l'avait vu, ils ne le crurent point.
- Après cela, il apparut,
sous une autre forme, à deux d'entre eux qui étaient en chemin
pour aller à la campagne.
- Ils revinrent l'annoncer aux
autres, qui ne les crurent pas non plus.
- Enfin, il apparut aux onze,
pendant qu'ils étaient à table; et il leur reprocha leur
incrédulité et la dureté de leur coeur, parce qu'ils
n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité.
- Puis
il leur dit: Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle
à toute la création.
- Celui qui croira et qui sera
baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera
condamné.
- Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront
cru: en mon nom, ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles
langues;
- ils saisiront des serpents; s'ils boivent quelque breuvage
mortel, il ne leur feront point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et
les malades, seront guéris.
- Le Seigneur, après leur avoir
parlé, fut enlevé au ciel, et il s'assit à la droite de
Dieu.
- Et ils s'en allèrent prêcher partout. Le Seigneur
travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui
l'accompagnaient.